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CNRS : Centre National de Recherches Superflues ?

Le CNRS, c’est l’incarnation de la science française, l’interdisciplinarité, près d’un quart du budget de la recherche publique, 30000 salariés, 1250 laboratoires, et l’organisme européen qui publie le plus. Sa création en 1939 est née du constat de la faiblesse de la recherche universitaire, qui ignorait la génétique et la physique quantique! En 1966, toujours dans le but de réinjecter de la recherche dans les universités, la création d’unités mixtes de recherche (UMR) fut décidée et leur gestion confiée conjointement au Centre et à un établissement d’enseignement supérieur.

Depuis la création du CNRS, les mêmes critiques se font entendre : immobilisme, gaspillage, incapacité à collaborer avec l’industrie… Pour lutter contre ce « gâchis », Sarkozy propose de placer les universités au centre du dispositif de recherche français.

Aujourd’hui, 940 des 1250 laboratoires du Centre sont impliqués dans des UMR. L’objectif du gouvernement est donc de permettre aux universités d’en prendre le contrôle complet. Le CNRS serait alors en charge de domaines scientifiques restreints nécessitant de gros équipements, tels que des supercalculateurs, ou des accélérateurs de particules. Les autres domaines de la recherche seraient confiés aux universités.

Actuellement, le CNRS est sous la présidence de Cathérine Bréchignac qui n’a, selon ses dires, aucunement l’intention de saborder ce Centre. N’oublions cependant pas que, sans exprimer publiquement de sensibilité politique, Mme Bréchignac a participé à l’élaboration du programme de l’UMP sur la recherche en 2005. Elle propose notamment, conformément aux demandes de la ministre Valérie Pécresse, de réorganiser le Centre en instituts plutôt qu’en départements scientifiques. Il pourrait ne s’agir que d’une simple modification administrative, mais il n’en n’est rien. En effet, les directeurs d’instituts seraient nommés par le gouvernement, lui permettant ainsi le pilotage direct des activités du Centre. En outre, chacun des instituts deviendrait indépendant de sorte que le Centre ne serait plus en mesure d’ajuster les budgets des postes de recherche en fonction de ses priorités.

Le libéralisme le plus dur appliqué au monde scientifique a d’autres effets. Les sciences humaines et sociales (dont l’existence est menacée) tirent la plus grande partie de leur financement de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Cependant, seuls 30% des budgets de l’agence sont destinés à des appels d’offres ayant recours aux sciences humaines. Présentée à sa création, l’été 2004, comme une simple agence de financement sur projet, l’ANR s’avère donc être le bras armé d’un gouvernement qui a l’intention de placer les sciences au service des entreprises. Certaines disciplines se trouveraient ainsi privilégiées par rapport à d’autres, grâce aux choix de financements. L’interdisciplinarité, qui fut jusqu’à maintenant l’un des piliers du CNRS s’en trouverait mise à mal.

On assiste donc à une volonté de recul de l’autonomie scientifique au profit d’un pilotage politique qui aurait pour conséquence la systématisation des projets de recherche à court terme (donnant lieu à toujours plus de CDD pour les jeunes chercheurs) et à rentabilité immédiate. Le gouvernement entend ainsi placer les sciences au service de l’économie, du CAC40 et des actionnaires ce qui aboutira, à terme, à la mise en concurrence des laboratoires, et à l’éviction de la recherche fondamentale. Voilà comment Sarkozy définit une recherche performante, une recherche sans conscience, sans éthique, sans limites morales, gouvernée par l’argent et le profit.

14 thoughts on “CNRS : Centre National de Recherches Superflues ?

  1. Bonjour Damien Besson,

    Je suis journaliste sur Rue89 et j’aimerais utiliser un extrait de votre commentaire à propos du CNRS pour illustrer mon papier. J’aimerais donc savoir simplement quelle est votre situation, si vous êtes étudiant ou enseignant. Dans quel domaine. Pour vous introduire.

    Vous pouvez m’envoyer un mail sur: m.destal@gmail.com

    Bien cordialement,

    Mathias Destal.

  2. Voici un exemple frappant de l’apport des communistes dans les idéologies de gauche :p
    En plus, mon étiquette politique n’apparaît pas, ce qui montre la contribution souterraine du parti communiste pour les avancées et les dénonciations politiques. 😀
    Bon, j’avoue que j’aurais préféré en être informé :p

  3. Salut Damien =)

    Cela faisait longtemps que je n’étais pas passé par là ^^ des choses très intéressantes à rattraper :p et au passage bien sur, bravo, la classe, tu vas finir par passer sur les plateaux télé !

  4. Je ne suis pas sûr d’avoir les épaules suffisament solides pour pouvoir passer à la télé. Je ne suis qu’un pauvre petit étudiant comme les autres qui a fait une recherche assez appronfondie sur la question du CNRS parce que ça m’intéressait.

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